Manterrupting : et si le problème n'était pas (que) les hommes ?

On parle beaucoup du manterrupting ces dernières années. Cette contraction de "man" et "interrupting" désigne le fait que certains hommes coupent systématiquement la parole aux femmes en réunion.

Le phénomène est réel. Selon une étude britannique, un homme interrompt 23 fois plus souvent qu'une femme dans un débat. Donald Trump a interrompu Hillary Clinton 51 fois lors du débat présidentiel de 2016.

Mais voici ce dont on parle rarement : votre réaction à cette interruption en dit plus sur vous que sur l'interlocuteur qui vous coupe.

Cet article explore pourquoi se concentrer sur vous-même plutôt que sur le sexisme changera tout. Et comment développer l'assurance naturelle qui vous permet de vous faire respecter sans agressivité.

1. Qu'est-ce que le manterrupting et pourquoi en parle-t-on autant ?

Le manterrupting, c'est quand un collègue masculin coupe systématiquement la parole à une femme. Sans la laisser finir. Sans écouter ce qu'elle dit vraiment.

Ce comportement sexiste a été nommé pour la première fois pour décrire une tendance observée dans les assemblées professionnelles : les hommes interrompent les femmes bien plus souvent que l'inverse.

L'exemple le plus célèbre reste le débat Clinton-Trump où l'interruption systématique est devenue un sujet en soi. Obama aussi a été confronté à ce phénomène dans son équipe, où les femmes se faisaient couper la parole en réunion.

Elles ont alors développé une technique appelée "amplification" : quand une femme répète l'idée d'une collègue qui vient de se faire interrompre, en citant son nom, pour qu'elle récupère le crédit de ses propos.

Cette expression "manterrupting" a permis de nommer quelque chose que toutes les femmes vivent. De mettre des mots sur un comportement inconscient mais systématique.

Et c'est important. Parce que nommer, c'est déjà commencer à transformer.

Mais attention. Si on s'arrête là, on rate l'essentiel.

Parce que se focaliser uniquement sur le comportement de l'autre, c'est oublier de regarder ce qui se passe en vous. Et c'est précisément là que tout se joue.

2. Mansplaining et manterrupting : deux faces du même sexisme ?

Le mansplaining, c'est quand un homme vous explique quelque chose de manière condescendante, comme si vous ne pouviez pas comprendre seule. Même quand c'est votre domaine d'expertise.

Par exemple, un collègue qui vous explique ce qu'elle sait déjà mieux que lui. Ou qui reformule votre propre idée en vous l'expliquant comme si vous ne l'aviez pas comprise.

Le manterrupting et le mansplaining sont liés. Tous deux reposent sur une même croyance inconsciente : la voix d'une femme a moins de valeur. Ses idées méritent moins d'attention. Son temps de parole compte moins.

Cette réflexion féministe est juste. Le sexisme existe. Il impacte la carrière des femmes. Il rend plus difficile de se faire entendre dans certains environnements masculins.

Mais voici où le discours féministe classique s'arrête. Il identifie le problème externe. Il dénonce. Il sensibilise.

Et puis quoi ?

Vous retournez en réunion.

Quelqu'un vous coupe la parole. Et là, que faites-vous ?

C'est là que commence le vrai travail. Pas dans l'analyse sociologique. Dans votre capacité à réagir, sur le moment, avec justesse.

3. Se faire couper la parole : pourquoi votre réaction révèle tout

Se faire couper la parole n'est jamais agréable. Que ce soit par un homme ou par une femme.

Mais ce qui est intéressant, c'est ce que ça révèle en vous.

Chez Emotions, nous observons deux types de réactions chez nos clientes quand on leur coupe la parole.

Première réaction : la passivité.

Vous vous taisez. Vous ne dites rien. Vous laissez l'autre prendre votre tour. Vous attendez qu'il ait fini. Et vous ne reprenez jamais votre idée.

Ensuite, vous êtes en colère. Contre vous-même. Vous vous en voulez de ne pas avoir réagi. Vous ruminez. Vous culpabilisez.

Deuxième réaction : l'agressivité.

Vous réagissez au quart de tour. Vous coupez la personne à votre tour. Vous montez le ton. Vous escaladez.

Sur le moment, ça soulage. Mais après, vous vous sentez mal. Vous vous en voulez d'avoir été trop loin. Vous culpabilisez aussi.

Dans les deux cas, vous finissez avec le même sentiment : l'insatisfaction. Parce que ni la passivité ni l'agressivité ne sont justes.

Ce que vous cherchez, c'est l'assertivité. Cette capacité à vous affirmer sans écraser. À poser une limite sans agressivité. À vous faire respecter calmement.

Vous le savez déjà, d'ailleurs. Vous savez ce qu'il faudrait dire.

4. Comment faire entendre sa voix sans agressivité ni passivité ?

Faire entendre sa voix, ce n'est pas une question de volume. Ce n'est pas non plus une question de technique.

C'est une question d'assurance intérieure.

Vous savez déjà quoi dire quand quelqu'un vous coupe la parole. Vous le savez même très bien.

Il suffit de dire calmement : "Attends Jean-Luc, je n'avais pas fini. Promis, je te laisse la parole juste après."

Un simple recadrage. Ferme mais respectueux. Clair mais sans agressivité.

Ce n'est pas compliqué. Ce n'est pas une technique mystérieuse à apprendre.

Alors pourquoi ne le faites-vous pas ?

Parce que vous doutez.

Vous doutez de votre légitimité à poser cette limite. Vous avez peur de passer pour agressive. Vous craignez le regard des autres. Vous ne voulez pas faire de vagues.

Alors soit vous réagissez trop vite, par réflexe, avant de réfléchir. Et vous vous en voulez après.

Soit vous réfléchissez trop longtemps. Et le moment passe. Trop tard. Vous n'avez rien dit.

Le problème n'est pas dans les mots.

C'est dans le doute qui vous paralyse ou qui vous fait sur-réagir.

5. La prochaine fois qu'on vous coupe la parole en réunion : que faire ?

La prochaine fois qu'on vous coupe la parole en réunion, vous avez plusieurs options.

Option 1 : Vous taire. Vous laissez passer. Vous attendez. Vous espérez qu'on vous redonne la parole. Mais ça n'arrive presque jamais.

Option 2 : Sur-réagir. Vous coupez la personne à votre tour. Vous montez le ton. Vous confrontez. Mais ensuite, vous vous en voulez.

Option 3 : Vous affirmer calmement. Vous dites simplement : "Excuse-moi, je n'avais pas terminé. Je te laisse parler après."

L'option 3 semble évidente. Mais elle demande quelque chose que les deux autres n'exigent pas : de l'assurance intérieure.

Parce que pour vous affirmer calmement, il faut que vous vous sentiez légitime. Il faut que vous n'ayez pas peur du regard de l'autre. Il faut que vous ne doutiez pas de votre droit à finir votre phrase.

Et c'est précisément là que la plupart des femmes bloquent.

Pas parce qu'elles ne savent pas quoi dire. Mais parce qu'elles ne se sentent pas légitimes à le dire.

6. Pourquoi le discours féministe sur le manterrupting ne suffit pas

Le discours féministe sur le manterrupting est nécessaire. Il a permis de nommer un phénomène. De conscientiser un comportement sexiste. De créer de l'attention sur un problème réel.

Les statistiques sont là. Les hommes coupent plus souvent la parole aux femmes. C'est un fait. Selon une étude britannique, c'est systématique dans certains contextes professionnels.

Mais voici où ce discours s'arrête : il analyse le problème externe. Il identifie les coupables. Il demande aux hommes de changer.

Et puis ?

Vous retournez en réunion. Un collègue vous coupe. Encore. Et vous attendez quoi ? Qu'il ait lu un article sur le manterrupting et qu'il se corrige spontanément ?

Non.

Ce qui change les choses, ce n'est pas d'attendre que l'autre change. C'est de développer votre capacité à vous faire respecter, quelle que soit l'attitude de l'autre.

Chez Emotions, nous préférons vous concentrer sur vous-même. Pas sur les hommes. Pas sur le sexisme.

Parce que peu importe qui vous coupe la parole. Un homme. Une femme. Un collègue. Votre patron.

Ce qui compte, c'est votre réaction. Et votre réaction révèle votre niveau d'assurance intérieure.

7. Se concentrer sur soi plutôt que sur le genre : notre approche

Chez Emotions, nous ne faisons pas du féminisme militant. Nous faisons du travail intérieur.

La différence est subtile mais essentielle.

Le féminisme pointe les structures externes. Il dénonce. Il sensibilise. C'est nécessaire.

Mais le travail intérieur transforme votre état. Il vous rend capable de naviguer dans ces structures sans vous perdre. Sans vous effondrer. Sans dépendre de la bonne volonté des autres.

Quand quelqu'un vous coupe la parole, peu importe son genre. Ce qui compte, c'est ce que ça provoque en vous.

Si ça vous paralyse, c'est que vous manquez d'assurance. Si ça vous fait sur-réagir, c'est que vous manquez de stabilité intérieure. Si ça vous fait culpabiliser après, c'est que vous doutez de votre légitimité.

Ce doute, ce manque d'assurance, cette culpabilité : ce sont vos indicateurs. Ils vous montrent où vous devez travailler.

Pas sur une technique pour mieux répondre. Pas sur une formule magique à dire.

Mais sur votre sentiment intérieur de légitimité. Sur votre confiance naturelle. Sur votre capacité à rester centrée, même quand on vous manque de respect.

8. Couper la parole aux femmes : un problème de technique ou d'assurance ?

On vous a peut-être déjà donné des techniques pour gérer le manterrupting.

"Il faut se montrer ferme." "Levez la main pour reprendre la parole." "Dites : 'Laissez-moi finir, s'il vous plaît.'"

Ces conseils sont justes. Techniquement.

Mais ils ratent l'essentiel.

Parce que vous savez déjà tout ça. Vous savez qu'il faut vous affirmer. Vous savez qu'il faut poser une limite. Vous savez que c'est nécessaire de vous faire respecter.

Ce qui vous manque, ce n'est pas la technique. C'est l'assurance pour l'appliquer.

C'est cette voix intérieure qui murmure : "Et si je passe pour agressive ? Et si je dérange ? Et si on me juge ?"

C'est ce doute qui vous fait hésiter. Trop longtemps. Jusqu'à ce que le moment soit passé. Ou qui vous fait réagir trop vite. Sans réfléchir. Par réflexe défensif.

Dans les deux cas, vous n'êtes pas alignée. Vous n'êtes pas centrée. Vous n'êtes pas dans votre justesse.

Et c'est ça qu'on travaille chez Emotions.

Pas une technique de plus. Mais l'assurance intérieure qui vous permet d'utiliser spontanément les mots justes, au bon moment, avec le bon ton.

9. Comment développer l'assurance pour s'affirmer naturellement

Développer l'assurance intérieure ne se fait pas en répétant des phrases toutes faites devant un miroir. Ça ne se fait pas en apprenant une technique de communication assertive.

Ça se fait en travaillant sur ce qui, à l'intérieur de vous, crée le doute.

Pourquoi doutez-vous de votre droit à finir votre phrase ? Pourquoi avez-vous peur du regard de l'autre ? Pourquoi craignez-vous de déranger ?

Ces questions touchent à des blessures anciennes. À des moments où vous avez intériorisé que votre voix comptait moins. Que vos idées avaient moins de valeur. Que vous deviez vous effacer.

Ce travail ne se fait pas en surface. Il nécessite un accompagnement en profondeur. Quand ce travail se fait, tout change naturellement.

Vous n'avez plus besoin de réfléchir à ce qu'il faut dire. Les mots viennent spontanément. Vous n'avez plus besoin de vous forcer à être assertive. Vous l'êtes naturellement.

Vous savez, instinctivement, comment poser une limite. Comment vous faire respecter. Comment reprendre la parole sans agressivité.

Parce que vous ne jouez plus un rôle. Vous êtes juste vous-même, pleinement légitime.

10. Parole aux femmes : arrêter d'attendre la permission

Donner la parole aux femmes, c'est bien. C'est nécessaire. C'est un combat juste.

Mais attendre qu'on vous donne la parole, c'est rester dans une posture passive.

C'est attendre la permission. C'est compter sur la bonne volonté des autres. C'est espérer que les choses changent autour de vous.

Et si vous preniez votre parole, tout simplement ?

Pas en forçant. Pas en escaladant. Pas en devenant agressive.

Mais en vous sentant naturellement légitime à occuper votre espace. À finir vos phrases. À exprimer vos idées.

Cette légitimité ne vient pas de l'extérieur. Elle ne vous sera jamais "donnée" par un homme bienveillant ou par une politique d'entreprise.

Elle se construit de l'intérieur. Par un travail profond sur votre sentiment de valeur. Sur votre confiance naturelle. Sur votre capacité à vous sentir à votre place, quoi qu'il arrive.

C'est ce travail que nous faisons chez Emotions.

Pas vous apprendre à vous imposer. Mais vous aider à vous sentir naturellement légitime.

Et quand cette légitimité est là, vous n'avez plus besoin de techniques. Vous n'avez plus besoin de vous battre.

Vous êtes juste présente. Confiante. Ancrée.

Et les autres le ressentent. Y compris ceux qui auraient été tentés de vous couper la parole.

À retenir

  • Le manterrupting est réel – mais se concentrer uniquement sur le comportement des autres vous fait rater l'essentiel : votre réaction.
  • Votre réaction révèle votre état intérieur – passivité ou agressivité, les deux viennent d'un manque d'assurance, pas d'un manque de technique.
  • Vous savez déjà quoi dire – ce qui vous manque, ce n'est pas une formule magique, c'est la confiance intérieure pour l'appliquer.
  • Le doute vous paralyse ou vous fait sur-réagir – soit vous réfléchissez trop longtemps (trop tard), soit vous réagissez trop vite (puis culpabilisez).
  • Se concentrer sur soi plutôt que sur le genre – peu importe qui vous coupe, l'enjeu est votre capacité à vous affirmer avec justesse.
  • L'assertivité vient de l'intérieur – vous ne pouvez pas forcer une assurance que vous ne ressentez pas sincèrement.
  • Arrêter d'attendre la permission – prendre votre parole, c'est développer votre légitimité intérieure, pas attendre qu'on vous la donne.
  • Le travail profond change tout – quand vous vous sentez légitime à l'intérieur, vous trouvez spontanément les mots justes, au bon moment, avec le bon ton.